parois de verre
Les dernières heures, elle paraissait absente, ses yeux étaient comme deux grands trous noirs qu'il m'était impossible de fixer. J'ai encore le souvenir de son sourire et d'un poing fermé sur ma nuque quand nous avions cessé de marcher. Ma tête avait heurté son épaule et les mots ne me parvenaient plus qu'à travers une brume opaque. Je n'ai aucun souvenir de ce qu'elle m'a dit ce soir-là. Le boulevard était proche. Les lumières de la ville m'éblouissaient. On essayait de me pousser dans le dos mais il n'y avait personne d'autre que nous deux. J'ai fait quelques pas en arrière. J'ai dû murmurer quelque chose en pensant au trajet qu'il me resterait à faire jusqu'à la gare. Je voulais préparer mon départ, un sac avec quelques affaires, je concentrais mon attention sur la suite, le premier vol, les vagues à l'ouest qui se fracasseraient contre les rochers, les écueils dans l'océan et les jours qui rallongeraient. Mon passeport était resté à Paris, les notes, le cahier bleu, presque rien. J'attendais un dernier geste, un regard, une explication. Je ne sais pas qui a disparu en premier. J'ai entendu le bourdonnement d'un moteur dans la rue déserte. Je ne me suis pas retournée vers le trou noir.
I'm coming back to earth
Watching the ghost of a town
With a contact lens without sound
I can spell the right names
Back to earth to the town of mine